Il n’y a rien de plus stable que le changement

Il n’y a rien de plus stable que le changement

Nouvelles Syndicales Octobre 2018

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femme âgée tenant une assiette de biscuits

Je me suis posé pour parler au téléphone avec ma grand-mère de 89 ans qui vit dans la banlieue immédiate de Toronto. Elle s’est mise à raconter comme elle était mécontente de ne plus avoir accès au service au comptoir de l’ARC ou aux renseignements en personne sur les impôts. Elle a relaté que, par le passé, elle allait à son bureau local, elle connaissait l’agent par son nom et il était facile d’obtenir les renseignements dont elle avait besoin. « Maintenant, ils veulent que j’utilise un ordinateur. Oui, mais, je n’ai pas d’ordinateur, Nathaniel » a-t-elle dit, plutôt en colère. Elle ne plaisantait pas. Grand-maman n’est pas vraiment une experte technique, bien qu’elle soit experte en biscuits et en pain aux bananes – les meilleurs au monde. Mais elle n’avait pas tort au sujet des changements profonds qui se sont produits dans la façon dont les Canadiens et les Canadiennes interagissent avec l’ARC.

Tout cela m’a amené à réfléchir à la façon dont la technologie change non seulement nos interactions avec la population, mais aussi la façon dont elle change nos emplois et les tâches où nous sommes nécessaires. Une étude récente du Brookfield Institute for Innovation and Entrepreneurship de l’Université Ryerson à Toronto a révélé que plus de 40 pour cent de la main-d’œuvre canadienne risque d’être remplacée par des ordinateurs et de nouvelles technologies au cours des deux prochaines décennies. Récemment, des percées dans les domaines de la robotique de pointe et de l’intelligence artificielle entraînent le déplacement de l’automatisation vers des domaines qui étaient auparavant occupés par des êtres humains. La nature du travail que nous accomplissons à l’ARC est telle qu’une grande partie des membres sont particulièrement susceptibles d’être touchés par ces transformations. De plus, l’étude a révélé que les jeunes travailleurs et travailleuses et, dans une moindre mesure, les travailleurs et travailleuses âgés sont plus susceptibles d’être exposés aux effets de l’évolution de la technologie et d’une plus grande automatisation au sein de l’économie. Sean Mullin, directeur général du Brookfield Institute, a évoqué les répercussions que l’étude pourrait avoir : « Nous espérons que ces conclusions contribueront à un débat important sur la façon dont le Canada devrait se préparer aux effets de l’automatisation et de l’informatisation sur la main-d’œuvre. » Peu importe dans quel camp on se situe au sujet des répercussions que ces énormes changements technologiques auront sur la main-d’œuvre et sur les emplois, ces changements ne font pas que se pointer à l’horizon, ils sont bien réels. 

Alors, quel est le rôle du mouvement syndical, en particulier des grands syndicats du secteur public, pour se préparer et atténuer certains des importants effets prévus de ces changements? Comment nous positionner pour protéger nos membres? Enfin, est-il déjà trop tard?

Selon Sam Gindin, intellectuel et militant bien connu pour son expertise du mouvement syndical et de l’économie de l’industrie automobile, l’ère numérique a déjà transformé notre façon de travailler, et « d’aucuns affirmeraient que l’intelligence artificielle, les robots et l’automatisation sont en train de la détruire ».   Le point de vue de Gindin sur la façon dont les syndicats se sont adaptés à ces changements et y ont réagi est encore plus inquiétant.

« Les syndicats ne se sont pas attaqués à ce problème. Ils se traînent les pieds. Ils sont en train de se faire dépasser. La question qui se pose maintenant est : peuvent-ils encore défendre les gens? Ils ne le peuvent pas. » 

Heureusement, ce n’est tout simplement pas la réalité pour les membres du SEI. En tant qu’organisation, nous avons été proactifs et continuons de l’être dans la défense des intérêts des membres et dans la protection des emplois et de leur capacité à gagner leur vie, au fil de l’évolution du paysage technologique. Grâce à des initiatives comme le Comité des changements technologiques, le SEI s’affaire continuellement à protéger les membres. Sans relâche, notre syndicat fait du lobbying auprès de l’employeur pour que celui-ci soit informé plus à l’avance des changements technologiques prévus et pour veiller à ce que la formation nécessaire soit donnée aux membres afin de compenser les répercussions défavorables de ces changements. De plus, notre syndicat ne laissera jamais l’employeur perdre de vue les profonds bouleversements humains que peuvent entraîner ces changements. 

Selon Bob Dylan, « il n’y a rien de plus stable que le changement », et bien que cela soit vrai lorsqu’il s’agit de la technologie et de son incidence dans nos vies et sur nos façons de travailler, il n’y a rien non plus qui soit aussi stable que l’engagement de notre syndicat à protéger les membres!

Nathaniel (Nate) Angus-Jackman 
Comité des communications