Ça ne pourrait jamais nous arriver ici, au Canada

Ça ne pourrait jamais nous arriver ici, au Canada

Nouvelles Syndicales - octobre 2022

Une question de choix

Le rôle des syndicats est de soutenir leurs membres et de protéger les droits des travailleurs et travailleuses.  À plus grande échelle, les syndicats font pression pour des changements sociaux plus larges, considérés comme un soutien aux travailleurs, travailleuses et aux Canadiens au sein de la société. 

La décision de la Cour suprême des États-Unis d'annuler une décision fondamentale de longue date privant une femme de la possibilité de prendre ses propres décisions en connaissance de cause en matière de soins de santé a fait des vagues dans le monde entier. 

Nous comprenons que des questions telles que celle-ci suscitent des réactions émotionnelles très fortes de la part de personnes des deux côtés. Le syndicat le reconnaît et respecte les positions individuelles adoptées, mais nous soutenons le principe du choix et appuyons les voix de ceux qui ont à cœur le choix individuel, comme le reflète l'article suivant.

Gary Esslinger
Président, Comité des communications


Ça ne pourrait jamais nous arriver ici, au Canada

Ça ne pourrait jamais nous arriver ici, au Canada… C’est une phrase que nous disons si souvent en réponse aux nombreux événements qui surviennent aux États-Unis. Cela s’applique également à de nombreux pays du monde où le gouvernement semble vouloir faire marche arrière en ce qui concerne les libertés et les gains acquis pour les citoyens, en particulier les femmes et les minorités.

L’abrogation de Roe v. Wade par la Cour suprême des États-Unis constitue le plus récent exemple. Pendant près de 50 ans, Roe v. Wade a garanti aux femmes le droit de faire leurs propres choix en matière de santé, y compris l’accès à des services d’avortement.

En quoi le Canada est-il différent? Seule une femme sait quel est le bon choix pour elle, et toutes les avenues en matière de santé et de reproduction des femmes doivent être accessibles en toute sécurité, sans obstacle.

À l’heure actuelle, le Canada n’a pas de loi sur l’avortement; il est considéré comme tout autre acte médical et est réglementé par les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que par les ordres professionnels. Sans surveillance adéquate, cela pourrait donner un pouvoir important aux provinces. Elles pourraient rédiger des lois et imposer des limites à l’accès aux soins de santé pour les femmes. Ces mesures pourraient notamment comprendre l’accord ou l’approbation de plus d’un médecin, l’obligation d’avoir accès à un avortement dans un hôpital provincial plutôt que dans une clinique, des délais légaux pour la procédure ou l’interdiction pure et simple de la procédure.

Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire, comme du lobbying au niveau provincial et fédéral afin d’assurer et d’améliorer l’accès pour les femmes canadiennes.

  1. Renforcer la Loi canadienne sur la santé (LCS).
    La LCS doit être améliorée afin de veiller à ce que les provinces n’imposent pas de frais administratifs ou n’omettent pas de couvrir les frais de déplacement dans les situations où il n’y a aucun établissement de soins de santé local.
  2. Les provinces et les territoires doivent respecter la Loi canadienne sur la santé et veiller à ce que les fournisseurs de soins de santé et les établissements disposent de l’infrastructure dont ils ont besoin pour fournir des soins d’avortement. Il s’agit tout simplement, par exemple, de codes de facturation appropriés, de l’accès aux échographies et de politiques de soins en temps opportun.
  3. Créer le portail Web promis de Santé Canada qui contiendra des renseignements exacts et impartiaux sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, et qui s’attaquera à la désinformation sur l’avortement.
  4. Demander que le gouvernement fédéral augmente les transferts fédéraux en santé en lien avec l’expansion des services de santé reproductive et sexuelle à l’échelle du pays.
  5. Exiger que le Fonds pour la santé sexuelle et reproductive de Santé Canada dispose d’un financement établi sur une base permanente. Ce financement a été créé en 2022, mais à l’heure actuelle, il devrait expirer en 2024.

On croit à tort que les avortements sont utilisés par négligence comme moyen de contraception par de jeunes mères non mariées. Ce n’est pas le cas, en fait, plus de la moitié des femmes enceintes utilisaient une forme de contraception. La moitié des femmes qui veulent se faire avorter ont déjà des enfants à la maison et comprennent les exigences que cela entraînera, et 75 % vivent au seuil de la pauvreté ou en dessous. (Bien qu’il s’agisse de statistiques américaines, il est probable que les statistiques canadiennes soient semblables.)

En tant que Canadiennes et Canadiens, nous devons veiller à ce que les choix des femmes en matière de santé soient laissés entre les mains de celles qui sont touchées par ces décisions, et non dans celles d’individus qui ne sont guidés que par leurs propres opinions. Malheureusement, de plus en plus de gouvernements et d’individus, au Canada, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, tentent de faire reculer ce droit.

Mel Lucier
Membre du Comité des chances égales