Nouvelles Syndicales - octobre 2022
Q. En examinant la proposition d’augmentations salariales qu’a présentée le Syndicat des employé-e-s de l’Impôt (SEI) à l’employeur pour les années 2021, 2022 et 2023, soit des augmentations de 4,5 % (après un ajustement au marché), de 8 % et de 8 %, respectivement, je m’inquiète du fait que ces augmentations ne fassent qu’accroître l’inflation avec laquelle nous sommes actuellement aux prises.
R. Les opinions des économistes divergent au sujet des répercussions des augmentations salariales sur l’inflation. Cette divergence est d’autant plus évidente dans le contexte économique actuel.
La théorie de l'inflation par la poussée des salaires, suggère que l’inflation est causée par les augmentations des salaires. En termes simples, cette théorie sous-entend que la hausse des salaires incitera les entreprises à augmenter les prix des biens qu'elles produisent afin de maintenir leurs marges de profits, ce qui à son tour peut entraîner une hausse des taux d'inflation. Si l'on considère que les taux d'inflation actuels se situent entre 7 et 8 % et qu'on les compare à l'augmentation de deux à quatre fois des profits de bon nombre des plus grandes sociétés au Canada, on se rend compte qu'il ne s'agit pas uniquement de tenter de maintenir une marge de profits.
Cette situation montre clairement que l’appât du gain des entreprises constitue la seule raison de l’augmentation importante des taux d'inflation, et NON les augmentations salariales que les travailleuses et travailleurs demandent pour maintenir leur niveau de vie actuel. Aucune personne ne devrait perdre son pouvoir d’achat parce qu’elle obtient une augmentation salariale qui est nettement inférieure au taux d'inflation.
Je cite un récent article de l’Alliance de la Fonction publique du Canada :
« La fonction publique peut en effet agir comme filet de sécurité lorsque l’inflation explose en offrant de bons emplois stables qui contribuent à une économie saine. L’IRIS rapporte que pour chaque dollar dépensé dans le secteur public, c’est 1,09 $ et 1,28 $ qui s’injecte dans l’économie canadienne. »
L’IRIS (ou l’Institut de recherche et d’informations socioéconomique) ajoute que, contrairement aux dires de nombreux économistes du secteur bancaire, les augmentations salariales qui sont négociées pour les travailleuses et travailleurs du secteur public n’ont pas d’incidence directe sur l’inflation, car les travailleuses et travailleurs du secteur public fournissent aux Canadiennes et aux Canadiens des services qui, pour la plupart, ne sont pas fondés sur un modèle à but lucratif.
La proposition d’augmentations salariales du SEI est très réaliste compte tenu des réalités économiques actuelles et elle permet à nos membres d’absorber la hausse des coûts et de maintenir un niveau de vie qui semble exacerbé par l’appât du gain. La proposition du syndicat n’aura aucune incidence marquée sur l’inflation, mais elle fera en sorte que nos membres sont en mesure de toucher des salaires justes pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
Gary Esslinger
Président du Comité des communications