Nouvelles Syndicales - décembre 2023
Lorsqu’un syndicat déclenche une grève, tout son pouvoir de négociation repose sur la solidarité sur les lignes. C’est la plus grande démonstration de pouvoir des travailleurs qui envoient un message clair à l’employeur que ses demandes ne peuvent être réalisées sans la production de ses travailleurs. À l’inverse, le principal point d’achoppement du pouvoir de négociation du syndicat, c’est lorsque les personnes qui se croient meilleures que le groupe qui se bat pour améliorer les salaires et les avantages des membres choisissent de briser la solidarité en faisant le travail de l’employeur pendant que leurs collègues font la grève pour aider tout le monde. C’est le travailleur le plus faible, celui qui n’a pas de morale et le « resquilleur » qui profite du dur labeur de tous les autres, qui finit par faire mal à tout le monde. Comment peut-on penser qu’il est correct de prendre l’argent des patrons, tout en étant avantagé aux dépens de ceux qui sont unis pour améliorer la vie de chacun au travail? Ces personnes représentent la bassesse ultime.
Des gains sont réalisés et perdus à la table en fonction du concept ci-dessus. Dans un monde idéal, il n’y aurait pas de briseurs de grève (scabs). Cependant, l’égoïsme et l’absence de boussole morale ont tendance à pousser les gens à faire des choses à leur détriment à long terme. Bien sûr, les briseurs de grève (scabs) reçoivent leur plein salaire, mais ce que les gens égocentriques ne réalisent peut-être pas, c’est que chaque augmentation de salaire et chaque augmentation de prestations sont attribuables à la solidarité syndicale. Si les briseurs de grève (scabs) se rendent compte de cela et refusent de faire la grève malgré tout, cela les rend tout à fait dignes du terme briseurs de grève (scabs).
Bien que ce serait extraordinaire que tout le monde comprenne qu’on peut accomplir n’importe quoi en faisant preuve d’une solidarité absolue, il est peu probable que cela se produise avec la présence de cet élément immoral.
Un rayon de soleil dans le monde du travail, c’est que le 9 novembre 2023, en raison d’une entente de soutien et de confiance avec le NPD, les libéraux ont présenté une loi contre les travailleurs de remplacement. C’est très important pour plusieurs raisons. La première, et peut-être la plus importante, est que les lieux de travail sous réglementation fédérale ne pourront pas faire appel à des travailleurs de remplacement qui deviendraient du même coup des briseurs de grève et être payés pour cela pendant que les vaillants membres se battent pour tout le monde. Il faut espérer que cette mesure enverra un message fort aux briseurs de grève.
Nous ferons face à une avalanche de menaces pour les travailleurs au cours des prochains mois et des prochaines années en raison de l’évolution de l’intelligence artificielle [IA] et d’une élection imminente avant ou autour du début de nos prochaines négociations. Le fait d’avoir une loi qui fait obstacle à la volonté des briseurs de grève (scabs) affaiblira la position des employeurs, ce qui égalisera les règles du jeu en matière de négociation.
Il est malheureux que nous ayons besoin d’une telle loi pour empêcher une personne de devenir un briseur de grève (scab). Il vaudrait beaucoup mieux que nous nous unissions, surtout compte tenu des obstacles que nous devrons surmonter à l’avenir.
Penchons-nous sur les raisons pour lesquelles une personne décide de devenir un briseur de grève (scab) :
- « Je ne crois pas au syndicat ou aux grèves » – D’accord, j’aimerais que ce ne soit pas le cas, mais vous n’avez pas à être un partisan du syndicat ni à faire la grève. N’accédez tout simplement pas aux demandes de l’employeur, car cela affaiblit notre position.
- « Je ne pense pas que le syndicat m’obtient ce que je mérite » – D’accord, essayez de négocier avec le patron. Dites-nous comment cela se passe.
- « Je préférerais avoir un emploi non syndiqué » – Super, postulez.
- « Mais mon employeur donne un très bon salaire et de bons avantages sociaux, pourquoi devons-nous nous battre? » – Parce que l’employeur ne vous a pas « donné » le salaire et les avantages sociaux dont vous bénéficiez. Tout cela a fait l’objet d’une lutte ou a été imposé par la loi. L’employeur n’a aucun intérêt à améliorer votre salaire et vos avantages sociaux, comme en témoigne chaque offre qu’il a proposée dans le cadre des négociations. Demandez-lui ce qu’il pense que vous devriez obtenir!
Peu importe le raisonnement ou la justification d’un briseur de grève (scab), il ne comprend tout simplement pas et, franchement, il n’a aucun problème à piétiner les sacrifices des travailleurs en grève. Les briseurs de grève (scabs) ne sont pas vos amis! Les briseurs de grève (scabs) ont profité de vous et s’accrochent à votre traîne. Les briseurs de grève (scabs) n’ont aucune intégrité et s’ils sont prêts à profiter de vous et de votre syndicat, de qui d’autre essaient-ils de profiter?
Je ne sais pas pour vous, mais je n’oublierai jamais les briseurs de grève (scabs), et j’espère que vous non plus.
Adam Jackson
Deuxième vice-président, responsable de la négociation collective