Le syndicalisme au vingt et unième siècle

Le syndicalisme au vingt et unième siècle

Nouvelles Syndicales - décembre 2017

15 avril 1872 – Une foule de 10 000 citoyens canadiens s’est rassemblée à Queen’s Park afin d’appuyer les ouvriers du domaine de l’imprimerie de Toronto qui étaient en grève pour protester contre leur horaire de plus de 10 heures par jour, sept jours sur sept. George Brown, l’éditeur de l’époque du Toronto Globe, a fait arrêter le comité de grève pour complot criminel, mais la grande vague de soutien de la part de la collectivité et les rassemblements qui ont suivi pour protester contre les arrestations indiquaient que le vent était en train de tourner, et ce, de manière importante. Plus tard au cours du même mois, le premier ministre Sir John A. Macdonald a fait adopter la Loi des unions ouvrières, qui légalisait et protégeait les syndicats de notre pays. Au cours des dernières décennies, le rôle et l’importance des syndicats pour l’ensemble de la société canadienne se sont implantés tant dans l’esprit des citoyens que dans celui des politiciens. Les problèmes et les préoccupations des travailleuses et des travailleurs étaient faciles à comprendre, et autant les citoyens syndiqués que les citoyens non syndiqués se sentaient concernés par les objectifs de nos syndicats.

Mais aujourd’hui, alors que le 21e siècle est bien entamé, quelque chose se passe. Ces dernières années, le taux de syndicalisation des travailleuses et des travailleurs canadiens a diminué considérablement. Selon Statistique Canada, le taux de syndicalisation est passé de 37,6 % en 1981 à 28,8 % en 2014. Ce déclin est plus notable chez les hommes, pour qui le taux de syndicalisation est passé d’un peu plus de 42 % en 1981 à 27 % en 2014. Bien que le recul soit plus prononcé chez les hommes et les jeunes, il ne fait aucun doute que le pourcentage de travailleuses et de travailleurs au pays membres d’un syndicat est en baisse.

Que se passe-t-il donc? Pourquoi l’affiliation syndicale, qui devrait pourtant intéresser toutes les travailleuses et tous les travailleurs, diminue-t-elle tellement? L’un des facteurs les plus importants est l’évolution du milieu de travail canadien. Les emplois à temps plein stables et bien rémunérés d’autrefois continuent d’être remplacés par des emplois précaires, contractuels et à temps partiel. Bon nombre des nouveaux employés à l’ARC sont désormais embauchés selon des contrats si courts qu’ils ne peuvent pas devenir des membres cotisants; par conséquent, ils ne peuvent être représentés ni n’ont le droit à des avantages sociaux. Ce changement a entraîné de nombreuses conséquences prévues et imprévues, notamment une rupture au sein de notre main-d’œuvre collective, séparant les employés nommés pour une période indéterminée de ceux nommés pour une période déterminée, ainsi que les employés nommés pour une période déterminée en poste depuis moins de trois mois des membres cotisants. Ce bouleversement a eu des répercussions importantes sur notre capacité à nous mobiliser, beaucoup de nos membres occupant un emploi précaire étant moins enclins à participer à des activités syndicales par crainte de représailles éventuelles. De plus, bon nombre de nos jeunes membres, ainsi que les nouveaux fonctionnaires n’ayant pas de connaissance pratique de notre syndicat, considère l’organisation comme un simple prolongement de la bureaucratie dans laquelle ils travaillent.

C’est pourquoi il importe encore plus de redoubler d’efforts pour mobiliser et éduquer nos membres au cours des prochaines années. Notre capacité à communiquer avec nos membres au sujet d’enjeux qui leur importent le plus aujourd’hui sera primordiale si nous souhaitons mettre un frein à la tendance à la baisse de la mobilisation et des taux de syndicalisation. Nous devons élargir le débat pour y inclure non seulement les avantages que représente un taux de syndicalisation élevé pour les travailleuses et les travailleurs, mais aussi ceux pour la société en général dans laquelle nos membres vivent. En cette période où les salaires stagnent et où l’inégalité des revenus se fait de plus en plus sentir, la syndicalisation offre un outil important pour uniformiser les règles du jeu. Les avantages économiques et les avantages liés à la santé de taux de syndicalisation élevés dans notre pays sont incontestables et, en tant que militants, nous devons non seulement collaborer avec nos membres actuels, mais aussi avec nos compatriotes du secteur privé. La lutte pour de meilleurs salaires et pour la protection de l’ensemble des travailleuses et travailleurs du pays est notre combat.

Au cours des prochains mois, nous tenterons de publier des articles liés aux défis et aux victoires de nos membres, et d’offrir une plateforme pour partager nos expériences. À mesure que nous nous attaquons directement aux défis auxquels nous faisons face et que nous nous battons pour un traitement juste et équitable de nos membres, nous créerons un espace pour célébrer qui nous sommes et ce que nous faisons pour atteindre nos objectifs.

Comme nous aimerions connaître votre avis, nous vous invitons à envoyer un courriel à l’adresse 
communications@ute-sei.org pour nous faire part de vos expériences.

Nate Angus-Jackman
Comité des communications