Lettre à la rédaction, Sun Media en réponse à une article de Geoffrey Johnston

Lettre à la rédaction, Sun Media

OBJET : La « fête du Travail, partie I » de Geoffrey Johnston

Dans les jours qui précèdent la fête du Travail, il est toujours intéressant de voir des articles sur l’histoire du syndicalisme et l’avenir qu’on lui prédit. Dans cet article particulier, par contre, il est assez intéressant de voir que M. Johnston juge utile de se tourner vers la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante pour avoir de l’information sur le mouvement syndical.

Satinder Chera, VP, Communications, à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, se voit accorder une tribune pour cracher son venin antisyndical, qui n’a pas le moindre fondement, si ce n’est une étrange théorie de conspiration qu’il appelle le « salage syndical ». Tout en reconnaissant que la FCEI a fait un excellent boulot pour défendre ses petites entreprises membres par des campagnes sur des enjeux comme les frais élevés exigés des marchands pour l’acceptation des cartes de crédit et la protection des avantages acquis pour ses membres, je trouve étrange qu’elle se trouve aujourd’hui justifiée d’attaquer les organisations qui se battent comme elle pour leurs membres et pour protéger leurs acquis.

Il est aussi richement ironique de voir M. Chera prétendre que les syndicats ont « trop de pouvoir ». Nulle part dans son article il ne parle du nombre de réunions que la FCEI a eues avec différents paliers de gouvernement, ou ne dit à quelle fréquence et sur quels enjeux précis elle a mené des lobbys. Si l’on se donnait la peine d’analyser un tant soit peu les faits, on verrait tout de suite qui a la balance du pouvoir et d’influence ici. L’argument du « gros méchant et bien trop puissant syndicat » ne tient pas du tout la route.

Sur l’impact économique des augmentations de salaires obtenues grâce à la densité syndicale, M. Chera trouve aussi commode d’oublier qu’un solide principe syndical a toujours été l’achat local, dans des entreprises gérées dans le milieu, plutôt que dans les grandes surfaces. Soit que M. Chera ne comprend pas cela, soit qu’il ne veut pas se donner la peine de reconnaître une réalité pourtant très simple. Si 37 % des emplois à Kingston sont détenus par des syndiqués, on pourrait croire que M. Chera chercherait à en tirer parti pour ses membres plutôt qu’à cracher sur les revenus que ces ventes pourraient leur rapporter.

Quant à l’argument de M. Chera qui soutient que les syndicats ne devraient avoir d’autre responsabilité que la négociation collective, on peut dire qu’il oublie complètement les avantages et les protections obtenus par la justice sociale et le militantisme politique dont il est actuellement lui-même bénéficiaire en tant que non-syndiqué. À mon sens, si M. Chera examinait de près un grand nombre des avantages dont il profite aujourd’hui, il pourrait dire merci à un syndicat; pourtant, il est bien déterminé à reprocher aux organisations de faire exactement ce que fait son groupe de pression : s’inspirer du passé pour se battre pour l’avenir de leurs membres. Bizarre!

Adam Jackson
Vice-président régional, Syndicat des employé‑e‑s de l’Impôt – AFPC