Nouvelles Syndicales septembre 2019
En tant que membre du Comité des Récompenses et des Titres Honorifiques, lorsque j'ai examiné les dissertations sur les demandes de bourse, j'ai trouvé que c'était un excellent article sur le sujet : " L’événement qui vous a le plus touché au cours de la dernière année" et j'ai pensé que ce serait un bon article à inclure dans le bulletin. Dans la dissertation présente, de façon exceptionnelle, l'auteure établit un lien entre ses problèmes de santé mentale et le soutien et les avantages qu'elle et sa mère ont reçus grâce aux efforts du syndicat, ce qui lui a permis de composer plus facilement avec ces difficultés.
Gary Esslinger
Les enfants grandissent en croyant que le monde est un rêve haut en couleur qui offre une infinité de possibilités. Ils font ce qui leur chante sans éprouver de crainte et en ayant confiance que les autres les protégeront. À mesure que les enfants gagnent en maturité, des appels à la réalité interrompent brusquement ce voyage merveilleux. Dans mon cas, le réveil a sonné lorsque le frère de mon amie proche s’est soudainement éteint dans son sommeil. Je n’avais jamais dû composer avec une perte aussi dévastatrice avant ce drame. Cet événement tragique a exercé sur moi des effets inimaginables. Il m’a fait connaître une facette de moi-même dont j’ignorais l’existence. J’ai pendant longtemps été rongée par un chagrin qui m’a causé des souffrances émotives, mentales et physiques.
Quand j’ai appris son décès, je me suis sentie comme si après un sommeil de 16 ans, quelqu’un m’avait réveillé en me jetant un seau d’eau glaciale au visage. La nouvelle m’a bouleversée et changée à jamais. J’ignorais qu’un tel changement fût possible et je n’y étais pas préparée. Je ne cessais de me demander : « Comment se peut-il qu’un être si jeune et bien portant quitte simplement le monde de cette manière? » Je ne cessais de me demander : « Si n’importe qui peut mourir n’importe quand, qu’est-ce qui me permet de penser que je vivrai encore le moment qui suit? » Ces pensées se sont concrétisées par la peur de la mort. Cette phobie a lentement évolué en crises d’angoisse et de panique qui se sont manifestées par des symptômes physiques débilitants qui étaient enracinés dans mon état mental. Je me plaignais de douleurs à la poitrine et de gonflements de l’abdomen. J’ai commencé à être obsédée par l’idée que je pouvais être atteinte d’une maladie néfaste qui rongeait mon corps. J’avais l’habitude d’envoyer des textos à ma mère pour lui demander de venir me prendre à l’école parce que je me sentais trop malade. Ma mère a dû prendre de nombreux « congés pour obligations familiales » pour me conduire à des rendez-vous chez le médecin et à des examens médicaux. Elle a été obligée de modifier son horaire de travail à de nombreuses reprises pour pouvoir satisfaire à mes besoins. Je n’étais plus la personne que j’avais été auparavant. Je me suis transformée en une personne qui était terrifiée à l’idée de profiter de la vie, qui avait peur d’être heureuse et qui craignait non seulement de mourir, mais aussi de vivre.
Ce fut une lutte pour reprendre le contrôle de ma vie. Ma mère m’a inscrite à des séances de thérapie dans le cadre de son Programme d’aide aux employés (PAE). Le rétablissement a exigé que j’y consacre bien plus d’efforts que je ne l’avais prévu. La voie menant à la réadaptation a certes été ardue, mais elle m’a rendue plus forte mentalement, émotivement et spirituellement. J’ai évolué sur le plan personnel, et je me suis rendu compte que la personne que j’étais avant le drame n’était pas nécessairement la meilleure incarnation de moi-même. J’ai tiré parti de cette expérience et je me suis réinventée. Je suis devenue une personne qui agit avec détermination. Je me suis inscrite au gymnase, j’ai commencé à faire du bénévolat au foyer des personnes âgées, j’ai pris un emploi à temps partiel, j’ai passé mon permis de conduire et je vais achever la douzième année ce mois-ci.
Je suis plus que reconnaissante d’avoir pu vivre cette expérience révélatrice et je suis reconnaissant envers le Syndicat des employé-e-s de l'Impôt pour sa lutte pour les droits de ses employé-e-s. La voie menant à mon rétablissement aurait été plus ardue si ma mère n’avait pas été à mes côtés. N’eût été la souplesse de son milieu de travail, ma mère aurait eu encore plus de mal à me soutenir financièrement et émotionnellement. Elle m’a expliqué que le syndicat s’est battu et continue de se battre pour la conciliation travail-vie personnelle des employés sur de nombreux fronts. Elle s’était elle-même prévalue des services du PAE en assistant à des ateliers dans son milieu de travail pour apprendre à composer avec le stress. J’apprécie le rôle que joue le syndicat dans l’amélioration du milieu de travail des employés et je lui suis vraiment reconnaissante du travail qu’il abat. Je suis convaincue que le syndicalisme est un élément crucial de notre société. L’expérience que j’ai vécue est un excellent exemple de la façon dont le travail du syndicat aide ses employés à se concentrer sur la clé de voûte de notre collectivité, la famille.
Mes épreuves m’ont encouragée à me lancer dans une carrière en soins infirmiers dans le cadre de laquelle je prévois aider les patients atteints de maladies mentales. Je compte aussi devenir un membre actif de la British Columbia Nurses’ Union parce que je crois en sa mission, qui consiste à améliorer la santé et le bien-être économique de ses membres. Je ne suis peut-être plus un enfant, mais je serai toujours entourée de gens qui me donneront du pouvoir, comme les membres de ma famille, mes amis ou le syndicat.